Mardi 15 Août 1944 - Vendredi 15 Août 2014, celà fait 70 ans que la ville de Brive-la-Gaillarde s'est libérée par ses propres moyens (la Résistance) de l'occupant allemand.
Aujourd'hui, comme chaque année, je vais aux commémoration de la libération de Brive situés sur la Place du 15 Août 1944, avec des vétérans, des pompiers, militaires, policiers ainsi que plusieurs
personnalités de la ville.
Brive héberge le 126ème régiment d'infanterie (le régiment des Bisons) depuis 1907, ce dernier est dissous en 1940 après l'occupation allemande et reformé en 1944 à partir
des maquis de Corrèze et du Périgord.
la seconde guerre mondiale éclate le 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne puis passant par les Ardennes, attaque la France le 12 mai 1940. Le 20 Mai, les divisions de Panzer
allemands atteignent la côte Atlantique et le 14 juin, Paris est déclaré ville ouverte. Le 17 Juin, le maréchal Pétain demande l'armistice (celle-ci serra signée le 22 juin) tandis qu'à Brive,
Edmont Michelet distribue des tracts appelant à la résistance. Le général De Gaulle, exilé à Londres, lance, lui aussi, son appel à continuer la lutte (le fameux appel du 18 juin).
La résistance s'organise en différents réseaux et maquis, les 4 AS (Armée Secrète), les Mouvements Unis de la Résistance, les FTP, les FFI. Dès l'annonce du débarquement en Normandie, l'action des
différents groupes de résistance s'intensifie dans la région autour de Brive. Devant les succès remportés par les maquisards, les 500 hommes de la garnison allemande de Brive (le 95ème régiment de
sécurité de la wehrmacht, sous les ordres du lieutenant-colonel Böhmer se sentent assiégés, n'osant plus disputer la région aux maquisards, ils ne sortent bientôt plus du lycée Cabanis.
Commencées quelques jours plus tôt, les négociations sont menées par le sous-préfet Pierre Chaussade, entre lemaquis et la garnison allemande. Au matin du 15 juin pourtant,
les armes allemandes reviennent aux fenêtres et les négociations sont rompues. En cause : un sentiment d'humiliation ressenti par les troupes allemandes suite au refus du Colonel
Metz, chef de l'état-major des maquis de Corrèze, de serrer la main au lieutenant-colonel Böhmer. Quelques heures plus tard, pourtant, la capitulation sans condition des forces allemandes est signée
avec, du côté allemand, le lieutenant-colonel Böhmer (qui fût, il convient de le souligner, mêlé à l'attentat contre Hitler du 20 juillet 1944) et du côté du maquis les colonels Vaujour et Guédin
ainsi que Jacques Poirier, (''captain Jack'' ou encore ''Jack l'anglais'', ce qui joua un rôle important dans la réddition : Böhmer refusant de se soumettre à des maquisards, il voulait un
gradé de l'armée anglaise). C'est au soir du 15 août 1944 que la garnison allemande se rend, sans conditions. Pour Brive, la guerre fait place à la libération et à la joie. Pourtant;
il reste les déportés, dont beaucoup ne reviendront jamais des camps de concentration, et les maquis continuent de s'en prendre aux forces d'occupation, en grande quantité en rejoignant les rangs
de l'armée régulière française (2ème DB de Leclerc ou la 1ère armée de Delattre de Tassigny), certains se dissolvant pour retourner à la vie civile, cette vie qu'ils ont été forcés d'oublier
pour sauvegarder leur famille et leurs amis.
Lors de cette partie des commémorations (après la messe), hommage est rendu aux maquisards tombés, aux vétérans encore en vie, à ceux qui ne le sont plus, à ceux déportés, fusillés,
et à la citation de la ville :
CITATION
Le Ministre de la Défense Nationale cite à l'ordre de l'Armée : BRIVE (CORRÈZE)
<< Ville particulièrement éprouvée par la guerre et l'occupation. A subi 10
<< bombardements aériens, a eu 161 déportés, 35 fusillés, 13 tués dans les combats
<< A pris une part importante à la lutte pour la Libération, gênant la marche de
<< la division ''Das Reich'' en route pour la Normandie le 8 juin. Combats qui
<< le 15 Août 1944.
<< Porte l'honneur d'être la première ville de France libérée par ses propres moyens.
<< Cette citation comporte l'attribution de la CROIX DE GUERRE AVEC PALMES >>.
Fait à Paris le 11 Novembre 1948.
Le Ministre de la Défense Nationale
Signé : RAMADIER
Ensuite, les personnes présentes (les représentants de l'état, des divers organismes, les vétérants ainsi que les ''civils'') sont invitées à la mairie pour un petit buffet/apéro.
Pour ma part, je vais, accompagné de tatie et Nicolas voir l'exposition de la libération à travers l'affiche (et plus généralement, la seconde guerre mondiale du côté français).
Devant se trouve monté un campement de GI's avec la participation du Jeep Club de Terrasson.
Des camions, Jeep Willys, Halftrack, Sidecare, motos pliables...
En face de l'entrée est déployé un canon anti-aérien Bofors de 40mm. Ce canon envoyait des pruneaux (obus) de 890gr en 40mm. La munition complète pesait 2.12kg et était chargée
en lames de 4 projectiles. La glissière pouvait prendre 2 lames en même temps, vidées en 4 secondes (120 coups par minute), je n'ose imaginer les bras et la fatigue
de la personne affectée au chargement de la glissière ! Le pointeur, lui, était un peu plus tranquille niveau physique... voici d'ailleurs ses organes de visée :
Nous passons ensuite dans la grande tente montée au milieu de la rue, à l'intérieur, plusieurs tables exposent divers objets du quotidien
des GI's ainsi que des objets des habitants du coin (et quelques pièces russes et allemandes). Créé en 1934 par un ingénieur de l'usine Springfield nommé John C. Garand,
il est produit à plus de 5,5 millions. Pesant un peu moins de 5kg, il permet de tirer des munitions de 30-06 (7.62 x 63mm) à 853 m/s pour une précision acceptable, la
distance maximum pouvant atteindre 1'600m (sa distance pratique étant de 400m), le fusil sera décliné en 3 versions au final : la version de base M1 et deux versions pour
les snipers (tireurs d'élite) : M1C et M1D.
Une caisse de Cola et de nourriture (chocolat, rations K, eau en conserve...) :
Un coin dédié à la résistance :
Et un coin pour les Rangers :
Devant l'entrée du musée Michelet (musée national de la résistance et de la déportation), une position fortifiée a été élevée par les GI's du camp avec l'aide de
maquisards. On y trouve une ''12.7'' : une Mitrailleuse lourde Browning M2 de calibre .50 (le fameux 12.7 x 99mm). Créée à la fin de la première guerre mondiale par
la société américaine Browning, elle est encore utilisée de nos jours comme arme anti-aérienne et montée sur véhicules. Avec une cadence de 500 coups par minute, une vélocité de 930m/s
et une distance pratique de 1.8km (7.4km en distance max), il ne faut pas s'attendre à ce que ce monstre soit léger : 38.1kg à vide et sans support, le poids ''prêt à tirer'' monte à
72.6kg !
Un Bren MK I est en batterie sur des caisses de munitions et des sacs de sable :
Des STEN mk II en vrac (le pistolet-mitrailleur en tôle...) :
Nous entrons ensuite dans le centre Edmond Michelet, le musée. L'entrée du musée est gratuite tout le temps, n'hésitez pas à aller le visiter si le sujet vous
intéresse et que vous passez par ici. L'expo du moment nous montrait plusieurs affiches (certaines connues) de propagande (certaines peu
propagandistes, d'autres bien plus virulentes) du début à la fin du conflit. S'y trouve aussi divers documents des résistants (des carnets de chants, des notes, listes, ...)
ainsi que la citation de Brive pour avoir étée la première ville à s'être libérée par ses propres moyens.
Dans le dernier étage du musée (chose que j'ai oublié de dire : le musée est en fait la maison dans laquelle vécu Edmond Michelet), l'atmosphère est un peu différente,
cet étage étant dédié uniquement aux camps de concentrations et principalement à celui de Dachau, avec une maquette et différents objets appartenant à des déportés. S'y trouve aussi plusieurs dessins
et peintures (dont certains de Anna Garcin-Mayade, une peintre déportée qui a réchappée des camps) :
La journée se termine... à midi ! Ou du moins, le reportage se termine ici, un prochain reportage se fera de nouveau sur ce thème de la résistance et la seconde guerre mondiale dans la région.